Dans les témoignages, les récits, les correspondances de soldats de la Première Guerre mondiale apparaît un terme récurrent : la « popote ». Ce terme d’argot avait plusieurs sens et le premier d’entre eux, c’est la nourriture elle-même. Que mangeait-on dans les tranchées ? Comment les poilus amélioraient-ils leur ration officielle ?

Une gamelle fastidieuse

L’armée française préconise de distribuer chaque jour aux soldats :

750 g de pain
500 g de viande
100 g de légumes secs ou de riz
50 g de soupe

Mais au quotidien, c’est plus compliqué. La nourriture n’est pas équilibrée : les soldats manquent de fruits, de légumes. L’hiver, il fait parfois si froid que le pain gèle. Et les stocks de provisions sont convoités par les rats. Bref, la ration n’est pas toujours vraiment abondante, ni très fraîche, et encore moins variée. L’archiviste dionysien Frédéric Duval témoigne dans ses Carnets de guerre d’un sergent de mitrailleurs[1] :

Vraiment cette gamelle est fastidieuse. Tous les matins, bœuf noyé dans du bouillon ; tous les soirs, bœuf noyé dans des patates. C’est monotone en vérité. […] Nous mangeons tout de même, parce que nous avons faim.

Améliorer l’ordinaire

Alors, pour enrichir leurs rations, les soldats ont recours à la débrouille. Certains cultivent un petit jardin près de leurs tranchées. On cueille les champignons quand on en trouve, on pêche à l’explosif dans les rivières. Et même si chasser avec son fusil de guerre est en théorie interdit (il faut économiser les munitions), on n’hésite pas, avec plus ou moins de succès, à tirer une perdrix ou braconner un lapin. Frédéric Duval raconte :

Nous traversons un champ. Soudain, un cri ; « Ah, la vache ! » : c’était un soldat qui marchait sur un lièvre au gîte. Il tombe dessus, le saisit, et le [met] soigneusement dans une musette. Quel bon civet ce soir !!! – « Si je vous photographiais », dit l’aspirant. L’homme sourit, se penche, entrouvre délicatement sa musette, prend le lièvre par les oreilles solidement, le tire du fond de sa besace, le présente… Un coup de reins. Le lièvre s’échappe, file entre nos jambes, se réfugie sous les sapins. Il court encore !

Heureusement, pour améliorer l’ordinaire, les soldats peuvent aussi compter sur les colis, confectionnés par leurs proches et/ou les bonnes œuvres. Rares sont ceux qui ne contiennent pas de nourriture : des conserves, mais aussi des « douceurs » (chocolats, gâteaux, caramels…) et parfois des produits frais (mandarines, bananes, œufs…). Certains épiciers proposent même à la vente des colis-repas tout prêts à envoyer. Chaque soldat, malgré les difficultés, peut ainsi trouver de quoi s’offrir un extra. Mais dans quelles conditions peut-il le cuisiner ?

 

La journée du poilu Un soldat avec sa prise du jour

L’un des objectifs affichés de « La Journée du poilu » :

envoyer des colis aux soldats.

Un soldat avec sa prise du jour.

Bon dîner en perspective ?

 

[1] Frédéric Duval, Carnets de guerre d’un sergent de mitrailleurs, éditions Gabriel Beauchesne, 1919, p. 23 et 160-161.