hopitaux de l'arrière, Couvent de la Compassion, l'entrée de l'hôpital

hopitaux de l'arrière, Couvent de la CompassionDès le mois d’août 1914, les trains évacuent des milliers de blessés depuis le front vers l’arrière. Les hôpitaux civils, comme l’hôpital de Saint-Denis, deviennent « mixtes » pour pouvoir accueillir les soldats. Mais, comme les hôpitaux militaires, ils sont vite saturés. Il faut créer de nouveaux lits.

 

Le Service de santé des armées ouvre donc des hôpitaux complémentaires, structures sanitaires temporaires rattachées à un hôpital militaire. La Croix-Rouge est aussi sollicitée pour ouvrir et gérer des hôpitaux auxiliaires, partout dans le pays. À l’époque, l’association est divisée en trois : la Société de secours aux blessés militaires (SSBM), l’Union des femmes françaises (UFF) et l’Association des dames françaises (ADF). Leurs bénévoles ouvrent près de mille cinq cents établissements hospitaliers temporaires sur l’ensemble du territoire français.

 

Mais où les installer ? Les lieux à réquisitionner ont en fait été prévus dès 1913. Ce sont des bâtiments publics comme des bâtiments privés : groupes scolaires, mairies, hôtels… Il s’agit soit d’utiliser les constructions existantes, soit de monter des baraquements provisoires.

À Saint-Denis, la Maison d’éducation de la Légion d’honneur est ainsi investie par le Service de santé des armées et devient un hôpital complémentaire rattaché à l’hôpital Villemin. La mairie propose par ailleurs à l’ADF l’école située petite rue Saint-Marcel (actuelle rue Gibault) pour son hôpital auxiliaire. Mais les coûts des travaux de transformation du bâtiment font reculer l’association, qui préfère créer une soixantaine de lits dans le Couvent de la Compassion, place aux Gueldres (aujourd’hui place de la Résistance et de la Déportation).

 

Mademoiselle Meissonnier, fondatrice de la maison de retraite du même nom, met quant à elle un immeuble boulevard Ornano à disposition de la SSBM. Et l’usine de pianos Pleyel, route de la Révolte (actuel boulevard Anatole-France), est investie par l’UFF. Ces deux établissements bénévoles peuvent accueillir près de deux cents convalescents.

En juillet 1916, à elle seule, la SSBM compte ainsi en région parisienne 105 hôpitaux auxiliaires, qui ont accueilli 16 000 blessés depuis la bataille de la Marne. Les soldats y coulent des journées paisibles, entre promenades (pour les moins gravement atteints), lectures et parties de cartes, même si l’ennui guette parfois.

Les soldats gardent d’ailleurs souvent un excellent souvenir de leurs séjours dans ces établissements. Un soldat dionysien quittant l’hôpital auxiliaire où il a séjourné quelques semaines écrit ainsi en 1917 :

« Grand branle-bas de combat, je vais quitter ce [lieu] où j’ai eu le grand plaisir d’y [sic] avoir été soigné, dorloté, par de gentilles et bonnes infirmières et aussi par un bon chirurgien. Je ne reverrais plus assis le soir dans une chaise longue, sur cette belle terrasse, les couchers de soleil. Voilà bientôt un mois que j’arrivais […] et je ne pensais pas en quittant les tranchées venir passer un si agréable moment »[1].

Les hôpitaux auxiliaires et complémentaires ferment peu à peu après la fin des combats.

 

Pour en savoir plus, vous pouvez écouter le témoignage du dionysien Charles Bitsch, gravement blessé au bras sur le front. Il a séjourné en 1916 dans l’hôpital auxiliaire installé dans l’usine de pianos Pleyel.

[1] Archives municipales de Saint-Denis, 82 S 42.