Gaston Gabriel Philippe est né à Radepont, dans le département de l’Eure, le 4 novembre 1866. Il est issu d’une famille ouvrière. Lorsqu’il a neuf ans, sa mère devient concierge de l’usine où son mari est décédé accidentellement.
Après son certificat d’études, Gaston Philippe suit les cours du soir où il apprend l’anglais, l’allemand, l’italien. Comptable de formation, il s’investit aussi dans la politique. Il collabore au Normand socialiste et au Salariat et il rédige une brochure intitulée Les huit heures et le 1er mai, préfacée par Jules Guesde.
En 1900, licencié par son employeur à Rouen, il s’installe à Saint-Denis. Socialiste, militant au Parti ouvrier français, il devient un membre incontournable du parti socialiste dionysien. En 1904, aux élections municipales, bien que dernier de la liste, il fait partie des neuf élus socialistes. En 1912, il devient maire et conseiller général. Il est réputé très bon orateur.
Pendant la guerre, Gaston Philippe met toute son énergie dans le soutien aux habitants de Saint-Denis qui connaissent d’immenses difficultés. La guerre engendre une situation économique dramatique dans des familles privées de travail et privées de leurs hommes.
Le maire organise les secours. Très vite la municipalité met en place des aides d’urgence : dès le 3 août, le conseil municipal vote un crédit de 100 000 francs en secours extraordinaire pour les familles nécessiteuses des hommes rappelés sous les drapeaux. Pendant toute la durée de la guerre, la mairie organise des souscriptions, des fêtes de bienfaisance, des actions de solidarité.
Le maire a également la lourde mission de communiquer aux familles de sa commune les informations transmises par les régiments au front, en cas de décès ou de disparition d’un soldat. Et lorsqu’une famille est sans nouvelles d’un proche, c’est très souvent le maire qu’elle sollicite pour être son relais auprès des autorités militaires. La correspondance échangée entre le maire et les habitants souligne leur grande proximité.
Le maire lui-même est directement touché : son fils Gabriel, typographe, décède de ses blessures de guerre à l’hôpital de Givors le 8 juillet 1915, à l’âge de 21 ans. La population lui témoigne de nombreux messages de soutien, les obsèques de Gabriel Philippe rassemblent des milliers de Dionysiens.
Après la guerre, Gaston Philippe connaît un parcours politique plus mouvementé, il existe des dissensions entre communistes et réformistes au sein du conseil municipal. Sa carrière politique prend fin au milieu des années 1920. Il décède à Saint-Denis le 26 novembre 1953, à l’âge de 87 ans.
La famille Philippe (Gaston et sa femme Jeanne ont eu six enfants) a toujours vécu rue Jannot (au 12 puis au 8) à Saint-Denis. Par délibération du 30 avril 1954, approuvée le 10 août 1954, le Conseil municipal décide donc, à titre d’hommage public, de dénommer la rue Jannot, anciennement rue de l’Ermitage, rue Gaston Philippe.