Dans la France de la Première guerre mondiale, la priorité, c’est l’armée. La production, que ce soit de la nourriture ou du combustible, est d’abord destinée aux soldats.
Et tout est difficile. L’industrie doit en priorité produire des armes de guerre, les récoltes doivent se faire sans paysans et sans ouvriers agricoles.
Dans ce contexte, les pénuries se développent. On manque de tout. Les prix commencent à grimper.
À Saint-Denis, comme partout en France, les civils souffrent de privations.
Le maire de Saint-Denis, Gaston Philippe, mobilise son équipe pour aider les Dionysiens.
Dès septembre 1914, la mairie achète un troupeau de 34 bovins pour approvisionner les habitants. Deux ans plus tard, elle passe un accord avec une société coopérative pour vendre de la viande congelée.
Elle fait aussi mettre en culture 31,5 hectares pour produire des pommes de terre, des navets, des choux… Les zouaves de Saint-Denis créent même leurs propres jardins maraîchers pour pouvoir se nourrir.
Mais le conseil municipal est aussi contraint de participer aux mesures de restriction. À partir de mars 1917, le maire doit établir des carnets de consommation pour le sucre. En août de la même année, c’est la carte de pain qui est rendue obligatoire. Et la mairie organise leur distribution.
Même les militaires en permission sont soumis à ce régime de restrictions organisées.
Qu’auriez-vous mangé si vous aviez vécu à Saint-Denis au printemps 1918 ?
Rations | Pain | Sucre |
Enfant Adulte Travailleur de force Personne âgée de plus de 60 ans |
100 grammes par jour 200 grammes par jour 300 grammes par jour 200 grammes par jour |
750 grammes par mois 750 grammes par mois 750 grammes par mois 750 grammes par mois |
Fini les pâtisseries et les croissants !
Le manque de farine provoque leur interdiction.
La population est encouragée à économiser la nourriture et à accommoder les restes.
On publie dans la presse des recettes de rôti sans viande « à base de mie de pain, de 50 grammes d’œuf (un œuf), de 100 grammes de lait, de 60 grammes de gruyère, 50 grammes de crépinette, une carotte, un bouquet [garni], sel et poivre »[1].
La fin de la guerre ne signifie pas la fin de la pénurie.
En décembre 1918, Gaston Philippe est ainsi contraint de réserver la vente de lait aux enfants de moins de quatre ans et aux malades.
Et surtout, la guerre a fait s’envoler les prix : à Saint-Denis, ils sont multipliés par quatre entre 1914 et 1920.
[1] Augustine Moll-Weiss, L’Alimentation en temps de vie chère. Avec recettes et menus, s.d., 1919, p. 29.