Joséphine Le Bloas est née le 21 mai 1880 à Goudelin, en Bretagne. Elle a dix frères et sœurs. La vie est rude. Pas de temps à perdre à l’école, il faut s’occuper des plus jeunes. Elle travaille dur. Elle sait tout faire.

À 22 ans, elle épouse Pierre Antoine, un enfant du pays, comme elle. Ensemble, ils quittent la Bretagne, bien trop pauvre pour les faire vivre. Ils vont à pied, de ferme en ferme, pour rejoindre Saint-Denis. Ils louent leurs services à la journée.
Ils ont deux petites filles, Suzanne et Simone.

En 1911, la famille s’installe rue Pralet Lefèvre. Pierre se fait embaucher à la Compagnie du Gaz. En août 1914, à la déclaration de guerre, ce travail lui permet d’obtenir un sursis de mobilisation. Mais en avril 1915, c’est le départ pour le front. Pierre rejoint le 73e régiment d’infanterie.

Restée seule pour faire bouillir la marmite, Joséphine entre à l’usine Christofle. Mais la jeune femme a l’esprit indépendant. Elle décide vite de monter sa petite entreprise. Elle achète un cheval, court les maraîchers et devient marchande des quatre-saisons. Une fois son mari revenu de la guerre, elle n’en reste pas là. Elle ouvre son propre restaurant rue Samson, la « Maison Antoine », qu’elle tient avec ses deux filles. C’est un succès : elles servent une centaine de repas par jour aux ouvriers des usines du bord du canal.

Joséphine est morte à 90 ans. Mais même à la fin de sa vie, elle ne supporte pas de rester à ne rien faire. Son petit-fils dit d’elle : « Je ne l’ai jamais vue assise ».

 

Un article est consacré à Joséphine Le Bloas dans le Place aux archives ! n° 8.