La grande majorité des soldats dionysiens partis en 1914 sont restés des anonymes.
Les trois frères SIMON sont un exemple de cet anonymat posthume. Marie, Simon et Simon Louis SIMON naissent respectivement en 1876, 1882 et 1887 à Saint-Denis dans un milieu très pauvre.
A leur naissance, ils sont déclarés de père inconnu. Ils ne sont légitimés que lors du mariage de leur mère, Catherine Niss, avec Louis Félix Simon le 11 mai 1889. Leur mère avait donné pour prénom à deux de ses enfants le nom de famille de leur père « inconnu ». Par ailleurs, Marie, à cette époque pouvait être un prénom de garçon.
La famille nombreuse vit petitement et est amenée à déménager régulièrement, rue du Landy, rue du Port, rue de la Briche, quai de Seine, impasse Choisel. Les fils deviennent journaliers comme leurs parents. Marie exerce un temps la profession de cartonnier, Simon celle de débardeur. Ce dernier, comme son frère Simon Louis, reste célibataire, sans enfants. Marie n’épouse quant à lui Eugénie Félicie SALLIOT en 1904 que pour s’en séparer de corps deux ans plus tard.
Les trois garçons appartiennent respectivement aux classes 1896, 1902 et 1907. Mais seul le benjamin, Simon Louis, est déclaré bon pour le service militaire. Marie, l’aîné, souffre d’une « ankylose incomplète du bras gauche » qui le contraint à effectuer un service auxiliaire. Simon, le cadet, est ajourné à deux reprises.
Cela n’empêche pas leur mobilisation dès la déclaration de guerre en 1914. Chacun rejoint alors un régiment d’infanterie (RI) de réserve. Simples soldats, tous trois vont connaître un sombre destin.
Les deux plus jeunes meurent avant même la fin de l’année 1914.
Le benjamin, Simon Louis, combat dans le 251e RI. Le 14 septembre 1914, alors que la bataille de la Marne vient de se terminer, il succombe sous le feu de l’artillerie allemande entre La Neuville et Cormicy. Son décès ne sera confirmé qu’en 1920.
Son frère Simon, mobilisé dans le 272e RI, au côté notamment de l’historien Marc Bloch, ne lui survit que quelques mois : il est mortellement blessé le 18 décembre 1914 au bois de la Gruerie.
Marie combat quant à lui dans le 267e RI. Il participe à la bataille de la Marne, puis occupe les tranchées du secteur de Pont-Arcy de décembre 1914 à février 1916. Son régiment s’installe ensuite dans la région de Verdun au printemps 1916. Un an plus tard, dans la Marne, il subit une violente attaque dans les bois de Sapigneul. 310 soldats sont portés disparus, dont Marie, qui est fait prisonnier par l’armée allemande.
Il est emprisonné au camp de Limburg, à l’est de Coblence en Allemagne jusqu’à la fin de la guerre. Libéré, il revient alors vivre à Saint-Denis, avec sa mère et sa jeune sœur Blanche.
Voilà sa fiche de prisonnier conservée dans les archives de la Croix-Rouge :