Saint-Denis a des liens profonds avec la Bretagne.
L’exil des Bretons vers Saint-Denis a commencé de très bonne heure. Les premiers sont arrivés dès le milieu du 19e siècle, chassés de leur région d’origine par la pauvreté paysanne et par le déclin de l’industrie de la toile.
Ils arrivent principalement des Côtes-du-Nord, les Côtes d’Armor d’aujourd’hui.
En 1891, 2217 Bretons des Côtes-du-Nord sont recensés à Saint-Denis.
A la fin du 19e ou au début du 20e siècle, le Journal de Saint-Denis donne régulièrement des nouvelles de bourgs et de villages bretons. C’est une rubrique du journal.
Plus de 300 hommes nés en Bretagne et habitant Saint-Denis sont morts pendant la guerre de 14. A ces 300 bretons de naissance, il faut ajouter les fils de Bretons nés à Saint-Denis après l’exil de leurs parents et eux aussi partis à la guerre.
La Bretagne est donc violemment touchée, au cœur même de Saint-Denis, par la guerre de 14.
Elle l’est d’autant plus que les Bretons exilés ont fait un long chemin politique qui les a souvent amenés au socialisme. En 1912, le succès socialiste (SFIO) aux élections municipales leur doit beaucoup. Cette année-là, pour fêter la victoire, le drapeau rouge avait été planté sur le campanile de l’hôtel de ville.
Après les élections de 1912, deux des quatre adjoints du maire sont Bretons.
Il s’agit de Jean Trémel et de Jean Marie Le Foll. Ils accompagneront Gaston Philippe tout au long du conflit.
En Bretagne, sur les monuments aux morts de plusieurs bourgs et villages, il y a, gravé dans la pierre, le nom d’ouvriers ou de maraîchers de Saint-Denis. Les parents ont fait inscrire le nom de leur(s) disparu(s) sur le monument du pays de leur enfance.
3 commentaires
Maurice dit :
23 Mar 2015
Voilà le poème pacifiste de Maurice Hénensal, instituteur à Roscoff, écrit en 1933 :
Petit, lorsque tu seras grand,
On te dira d’aller te battre,
Et l’on te montrera du doigt
Ceux-là qu’il s’agit d’abattre.
On te dira : c’est l’ennemi.
Sus à lui, petit, meurs ou tue,
Eventre-moi cet habit gris
Contre lequel tu t’évertues ;
Et toi tu marcheras, bardé,
Sanglé, parqué, numéroté,
Vivant la tragique aventure
Sans comprendre, enfoui dans la nuit,
Dans la misère et dans le bruit,
Noyé dans la boue et l’ordure,
Jusqu’à ce qu’un morceau de fer
Fasse un pauvre tas de sa chair
Et la disperse en pourriture.
GARO Jean-Pierre dit :
11 Oct 2017
Bonjour,
J’ai trouvé un autre poilu breton qui habitait Saint-Denis au moins au moment de son service militaire ; il s’agit de LE FORTE (en fait il faudrait écrire FORTE) Christophe, né le 8 février 1886 à Kernével (Finistère), matricule n°1507 au recrutement de Quimper ; sa fiche matricule est numérisée et peut être consultée sur le site des Archives du Finistère. Le nom de la rue où il habitait à Saint-Denis est indiquée mais je n’ai pas réussi à la lire. Mais il est possible qu’il n’habitait plus Saint-Denis en 1914. Il semble être sur le monument aux morts de Tourc’h mais il faut que je vérifie s’il s’agit bien du même dans l’État-Civil de Tourc’h.
bien cordialement,
Jean-Pierre Garo
Les Archives municipales de Saint-Denis dit :
3 Nov 2017
Merci pour ce message.
Nous avons consulté la fiche matricule du soldat breton Christophe [LE] FORTE, qui mentionne effectivement une adresse rue de l’Avenir à Saint-Denis en juillet 1915.
Malgré nos recherches, nous n’avons cependant trouvé aucune autre trace de son passage à Saint-Denis. Peut-être était-ce le lieu de résidence d’un membre de sa famille ?
Nous avons donc trop peu d’éléments pour l’ajouter à notre base de données des soldats dionysiens morts ou disparus, mais nous ne manquerions pas de le faire si un nouvel élément nous le permettait.