Pendant la guerre, les besoins en armement sont énormes. Beaucoup d’usines doivent participer à l’effort de guerre et certaines d’entre elles se reconvertissent dans la fabrication d’armes, de munitions et de matériel de guerre.
Saint-Denis est une des plus grandes villes industrielles de France depuis la fin du 19e siècle. C’est une ville ouvrière de l’arrière.
En 1915, une nouvelle usine naît route de la Révolte (l’ancien nom du boulevard Anatole France) dans le quartier Pleyel à Saint-Denis. Les Forges et Ateliers de la Fournaises fabriquent des obus. L’entreprise fait réaliser un album photographique tout entier dédié à souligner l’effort patriotique. Cet album, donné aux Archives municipales par un particulier en 2013, est consultable en intégralité ici.
D’autres grandes entreprises existantes se mettent à fabriquer des armes et des munitions, à l’image des usines automobiles Delaunay-Belleville et Hotchkiss ainsi que de la Société de construction Dyle et Bacalan, toutes implantées à Saint-Denis. Les affiches de commodo permettent de repérer ces usines. L’industrie mécanique, ferroviaire, aéronautique est également mise à contribution. La guerre exige la fabrication d’armes, de pièces d’artillerie et d’équipements innovants.
Des fabriques sont reconverties, et des matériaux et outils sont réquisitionnés. En 1915, la Préfecture de la Seine informe par voie d’affiche les propriétaires de tours à métaux, presses hydrauliques et marteaux-pilons qu’ils doivent en faire la déclaration en mairie. Chacun doit participer.
L’économie en temps de guerre est très dure, en particulier dans une ville ouvrière et populaire comme Saint-Denis. Les usines d’armement emploient des femmes et des enfants, parfois des travailleurs étrangers. Mais beaucoup de familles, privées de la force de travail des hommes réquisitionnés sur le front, peinent à survivre. Il n’y a pas de travail pour tout le monde et la population manque de tout : nourriture, charbon pour se chauffer. Sans compter les colis qu’il faut envoyer aux soldats dans les tranchées : couvertures, tabac, nourriture, tout ce qui peut adoucir leurs conditions de vie.
Dès le 4 août 1914, Gaston Philippe, le maire de Saint-Denis, lance une souscription par voie d’affiche et dans la presse :
« La mobilisation a commencé avant-hier. De nombreuses familles sont privées momentanément de ceux qui étaient leurs soutiens. La crise économique consécutive à tout conflit armé va entraîner la fermeture d’usines qui contribuaient à la prospérité industrielle de notre ville et ainsi va s’accroître encore la misère dans la population ouvrière. Votre municipalité, préoccupée de cette situation, a décidé entre autres mesures, l’ouverture d’une souscription publique dans le but venir en aide aux familles réduites à la nécessité. »
La correspondance adressée au maire pendant la guerre, publiée ici, témoigne aussi de la situation sociale et économique des habitants de Saint-Denis pendant la guerre. La mairie occupe une place centrale dans la société, elle fait le lien entre les patrons et les employés, elle organise le rationnement et distribue les secours.