Les Archives municipales de Saint-Denis ont numérisé et publié l’intégralité de la correspondance reçue et envoyée par le maire et la municipalité entre août 1914 et décembre 1918. Mois par mois, il est possible de s’immerger dans le quotidien des habitants de Saint-Denis : les familles de mobilisés, les réfugiés du nord et de l’est de la France, les entreprises participant à l’effort de guerre, les poilus au front, les organismes de bienfaisance… Ces 10 000 échanges sont à consulter ici.
Le classement des courriers
Tous les courriers ont fait l’objet d’un classement chronologique. Chaque liasse, correspondant à un mois de guerre, a fait l’objet d’une description synthétique – un résumé de son contenu – avec des mots-clés pour faciliter la recherche. Il peut y avoir plusieurs liasses pour un mois (selon la provenance des courriers). Il peut y avoir jusqu’à plusieurs centaines de courriers dans une liasse. Afin de faciliter la lecture des courriers numérisés, chaque échange (par exemple un courrier et la réponse qui y est faite par la mairie) a été matérialisé par l’insertion de feuillets intercalaires. A chaque intercalaire, on comprend donc qu’on passe à un autre courrier, un autre sujet.
Les auteurs des courriers
L’expression populaire trouve une large place dans la correspondance du maire.
Les habitants écrivent au maire comme à un « ami » qu’ils sollicitent pour une aide : les demandes de « secours » sont très nombreuses. Ils s’adressent au responsable politique et administratif, mais aussi au citoyen Philippe, dont la réputation et l’engagement sont largement connus. Saint-Denis, ville ouvrière et populaire de l’arrière, est touchée de plein fouet par la guerre. Le maire répond chaque fois qu’il le peut, donne des audiences quotidiennes, griffonne ses instructions sur les lettres.
Les poilus de Saint-Denis écrivent au maire depuis le front pour demander des nouvelles de leur famille, recevoir un colis. Ils ont parfois besoin d’un service, par exemple l’envoi d’un certificat, une recommandation pour être mobilisé en usine. Certains écrivent au maire simplement pour lui adresser leurs vœux et leur reconnaissance.
Tous les acteurs du tissu économique et social de Saint-Denis sont également représentés : entrepreneurs et patrons d’usines participant à l’effort de guerre, employés de l’octroi, administrateurs de l’hôpital et du bureau de bienfaisance, autorités administratives et militaires, etc.
Aux côtés de Gaston Philippe, l’ensemble de l’administration communale s’investit pour faire face à la situation difficile des habitants, et à leurs sollicitations. Les adjoints comme Trémel et Le Foll épaulent le maire dans ses missions. Les « administratifs », eux aussi, sont mobilisés pour assurer leur mission de service à la population. Sur les courriers, certains noms sont souvent cités. Traiteur est Secrétaire général de la mairie, il s’occupe principalement de l’aide sociale : chômage, allocations. Poupinel est sous-chef de bureau ; en pratique, c’est lui qui mène les enquêtes pour répondre aux demandes de renseignements sur les familles. Eyraud gère, entre autres, le personnel communal. Grandjean travaille au bureau de la comptabilité. Morel, Boureau et Besançon sont officiers d’état civil. Gambier travaille au Bureau de bienfaisance.
Quelques extraits
Une lettre de Madame Laurent, habitante des Côtes-du-Nord, le 17 septembre 1914 : Monsieur le maire, j’ai appris par un territorial de Saint-Denis qui est mobilisé à Saint-Brieuc que vous avez fait des recherches après la femme de Tanguy Théodore actuellement au combat mais résident de Saint-Denis. Eh bien ! Ce réserviste n’est pas marié. Je suis sa sœur, la seule parente à qui il s’intéresse et la seule qui s’intéresse à lui. Lire la suite
Une lettre du directeur de l’octroi de Saint-Denis, le 6 mars 1916 (2 jours après l’explosion du dépôt de munitions de la Double Couronne) : Monsieur le maire, j’ai l’honneur de vous faire connaître que la catastrophe de samedi matin a atteint deux agents de mon service : MM. Cavillon et Marchand ont été blessés légèrement. Je me permets d’attirer votre attention sur le premier. M. Cavillon remplissait par intérim les fonctions de receveur, or tout couvert de sang, il était emmené par une personne présente pour être pansé sommairement, lorsque l’ordre d’évacuer la zone fut donné par crainte d’une nouvelle explosion. Lire la suite
Une lettre du soldat Gustave Lenz, le 16 novembre 1916 : A Monsieur Philippe, maire de la Ville de Saint-Denis. Monsieur, je prends la liberté de vous écrire me couvrant sous votre proverbiale bonté, pour avoir quelques petits renseignements qui me sont chers. Vous en jugerez au vu de ma lettre. Soldat à l’Armée d’Orient depuis le mois d’août 1915, je suis sans nouvelles de chez moi depuis déjà trop longtemps. Je suis très inquiet au sujet du sort de ma femme et de mes 3 enfants habitant Saint-Denis, 6 impasse Choisel, cour Jaeger blanchisseur. Lire la suite
Une lettre de l’institutrice J. Bleynie, le 9 janvier 1918 : Cher Monsieur, permettez-moi de vous adresser tous mes vœux pour la nouvelle année. Que votre santé soit bonne et que vos efforts pour faire triompher notre idéal voient enfin une victoire ; peut-être alors verrons-nous se réduire les terribles maux qu’engendre et multiplie le régime capitaliste actuel. Lire la suite