carriere militaireVous connaissez la date de naissance d’un poilu, mais pas le détail de sa carrière dans l’armée ? Vous voulez savoir si votre aïeul jouait d’un instrument de musique ou aimait faire du vélo ? Deux pistes pour le découvrir : les recensements militaires et les registres matricules. Et pour les consulter, il faut calculer la classe du jeune homme concerné, en ajoutant 20 ans à sa date de naissance. Un soldat né en 1874, comme le poilu d’origine bretonne Ernest Barbu, appartient donc à la classe 1894.

Dans un premier temps, on peut consulter les registres de recensement militaire communal des jeunes gens par classe, qui permettent de connaître chaque année l’ensemble des jeunes hommes d’une ville ayant fêté leurs 19 ans l’année précédente. Ceux de Saint-Denis ont été mis en ligne jusqu’en 1910 et permettent de découvrir de nombreux éléments  sur les poilus dionysiens, comme Jean-Marie André, jeune corroyeur de la classe 1905 tué à Berry-au-Bac en 1917. Ceux de Le Palais (la commune de naissance d’Ernest Barbu) n’ont quant à eux pas été mis en ligne.

Mais que l’on ait pu consulter ou non les registres de recensement militaire, un document est essentiel pour découvrir en détail le parcours d’un soldat : le registre matricule. Il est conservé aux archives du département sur le territoire duquel le soldat vit (sauf exception : certaines villes dépendent alors d’un bureau de recrutement du département voisin du leur) à l’âge de 20 ans. Les registres matricules des soldats de Saint-Denis, ville qui appartient alors au département de la Seine, sont ainsi consultables dans la salle de lecture des Archives de Paris. Mais de nombreux départements ont mis ces documents en ligne.

Ces registres ne sont toutefois pas toujours indexés nominativement. C’est le cas aux Archives départementales du Morbihan. Pour les consulter, connaître la classe, le bureau de recrutement et le numéro de matricule du soldat concerné est alors essentiel. Ernest Barbu fait partie de la classe 1894 et la ville de Le Palais dépend à cette époque du bureau de recrutement militaire de Lorient. Mais pour découvrir son numéro de matricule, il faut se reporter à la table alphabétique du bureau de recrutement de Lorient pour sa classe, 1894. Elle nous apprend que la fiche matricule d’Ernest Barbu porte le numéro 1682 et se trouve dans le volume 4 du registre de la classe 1894.

Une fois trouvée, cette fiche matricule s’avère une mine d’informations… à condition de pouvoir la déchiffrer. L’état civil (date, lieu de naissance et nom des parents) est peu détaillé, mais s’y ajoute, à défaut de photographie, une brève description physique. On apprend ainsi qu’Ernest Barbu est un petit blond, au visage ovale et aux yeux gris. Son degré d’instruction (évalué sur une échelle de 1 à 5) est de 3, ce qui montre qu’il sait lire, écrire et compter.

Mais surtout, toute la carrière militaire du soldat est évoquée. La décision (parfois motivée) du conseil de révision (pour en savoir plus, consulter le billet sur les registres de recensement militaire) tout d’abord : bon pour le service, ajourné, inscrit maritime (i.e. bon pour effectuer leur service militaire dans la Marine nationale)… ou engagé volontaire, comme Ernest Barbu. Puis le parcours du soldat au sein de l’armée est décrit : engagements, mutations, promotions, récompenses, blessures ou sanctions éventuelles… On découvre ainsi qu’Ernest s’engage pour la première fois alors qu’il n’a pas 20 ans, en 1893, dans le 62e Régiment d’Infanterie. Il ne cesse ensuite de reprendre des engagements jusqu’en 1907, progresse jusqu’à devenir adjudant. Commissionné au bout de 15 ans de service, en 1908, il est rappelé dans le service actif au moment de la déclaration de guerre. Blessé à deux reprises, il est récompensé par plusieurs citations (% est une abréviation qui signifie « à l’ordre ») et reçoit la Légion d’honneur. Il est également promu à titre temporaire (abréviation T.T.) Sous-lieutenant puis Lieutenant, avant d’obtenir définitivement (abréviation T.D.) le grade de Lieutenant en 1918. Il disparaît à l’ennemi au Chemin des Dames. Présumé prisonnier, il est finalement déclaré mort « par suite de blessures de guerre »après la fin du conflit.

Mais si le registre matricule nous renseigne sur toute la carrière d’un soldat, il reste assez évasif sur les combats auxquels celui a participé. Où obtenir davantage de détails sur les exploits d’Ernest Barbu ?