mobilisation

« Montjoie-Saint-Denis en avant ! » « Vive la France ! Vive Saint-Denis ! » s’enthousiasme le Journal de Saint-Denis à l’annonce de la mobilisation, en août 1914.
Ce à quoi son rival L’Émancipation répond avec ferveur : « Comme nos aïeux de la grande Révolution, luttons pour défendre nos libertés et en acquérir de nouvelles. »

La déclaration de guerre provoque un élan patriotique, sincère ou contraint.
Par delà les clivages et le mouvement pacifiste, l’union sacrée l’emporte.

Les zouaves de Saint-Denis, qui se rendent à la gare du Nord à pied, sont acclamés par la foule.
Du haut de leurs sept ans, des enfants comme Auguste Persancier se précipitent pour les suivre tout le long de la rue de Paris, la rue Gabriel Péri d’aujourd’hui. Des commerçants leur font spontanément don de conserves alimentaires.

Pourtant, la tension monte parmi les habitants. Les plus folles rumeurs se mettent à circuler.
Début août, les Dionysiens craignent les privations. Ils cherchent à se constituer des réserves de nourriture et de monnaie. D’interminables files d’attente se forment à la succursale de la Banque de France installée à Saint-Denis.
Les familles des mobilisés s’inquiètent aussi de ne plus pouvoir percevoir le salaire du chef de famille. Plusieurs milliers de femmes se précipitent pour faire des demandes d’allocations journalières.

La déclaration de guerre provoque même des émeutes. On voit des ennemis et des espions partout.
Le directeur de la société Maggi est censé être allemand ?
La nuit du 3 août, ses dépôts de lait subissent attaques et pillages.
Une Allemande est accusée par un voisin jaloux d’avoir crié « À bas la France ! » ?
Elle est violemment agressée. Sa maison de la rue de la République est littéralement assiégée par la foule.

Pour lutter contre ces incidents, dès le 2 août, une « milice de garde » est créée à Saint-Denis. Composée de citoyens volontaires, elle patrouille jour et nuit dans les rues de la ville, sous la responsabilité du maire et du commissaire de police.

Plus inattendu, l’annonce de la mobilisation amène une vague de mariages. Entre le 1er et le 15 août 1914, les adjoints au maire de Saint-Denis en célèbrent plus de 150 ! Cinq fois plus que d’habitude à la même période !
En fait, beaucoup de ces nouveaux mariés vivaient sans doute déjà en couple. Ils ont simplement souhaité officialiser leur union avant le départ des soldats appelés. Les mobilisés se précipitent aussi pour reconnaître leurs enfants. Car seules les veuves et les orphelins reconnus par leur père avant sa mort pourront toucher une pension en cas de décès sur le champ de bataille.

À Saint-Denis, les quinze premiers jours d’août 1914 sont donc assez mouvementés.
Mais rapidement, des arrestations de pillards ont lieu. Et une fois les soldats partis, manifestations de joie et violences cessent.
C’est le début de l’attente anxieuse : quelles nouvelles du front ? L’époux, le père ou le frère reviendront-ils vivants ?