école

A l’été 1914, pas de répit pour les écoles : certaines d’entre elles sont réquisitionnées alors que les élèves sont à peine partis en vacances. Dès le début du mois d’août, les locaux de celle de la rue Franklin, à Saint-Denis, sont ainsi occupés par le 1er régiment de marche de zouaves. Et le personnel enseignant n’est pas épargné par la mobilisation : en France, vingt-cinq mille membres de l’enseignement public quittent leur poste pour rejoindre le front. Comme René Deponge, dix-neuf ans, nommé instituteur dans une école de Saint-Denis le 1er octobre 1914, et appelé moins de trois mois plus tard.

C’est donc dans un contexte troublé que les 183 classes dionysiennes font leur rentrée le 2 octobre 1914. Il faut faire appel à du personnel remplaçant, des femmes instruites notamment, pour pouvoir offrir des cours à tous les élèves. Car la fréquentation des écoles de la ville ne baisse pas : il y a 187 classes de maternelle et de primaire à Saint-Denis en 1916. Certaines directrices sont contraintes de refuser des élèves. Car si les enfants arrêtent leurs études plus jeunes pour travailler, la ville accueille de nombreux réfugiés.

Et non contente de bouleverser le fonctionnement des écoles, la guerre s’invite dans leurs programmes. « Toutes les matières d’enseignement doivent subir [son] influence », explique même le ministre de l’instruction publique.

 

Quels auraient donc pu être vos exercices[1] si vous aviez été élève à Saint-Denis pendant la Première Guerre mondiale ?

Rédaction : « Vous raconterez [une] scène de vandalisme. Vous essaierez de nous montrer tout ce que la rage de détruire révèle chez les Allemands de bassesse et de lâcheté. »

Calcul : « Un cuirassé poursuit un paquebot. À dix heures du matin, il en est séparé par une distance de 14 kilomètres. Le cuirassé file 15 nœuds et le paquebot 346 m 1/3 par minute. Après une heure de chasse, le cuirassé augmente sa vitesse de 4 km/h. Trouvez à quelle heure le cuirassé lance son premier obus sur le paquebot, en supposant qu’il ouvre le feu à une distance de 1800 mètres. »

Histoire : « Qui a voulu la guerre ? »

Géographie : « Paris et la défense de Paris. »

 

[1] Ces exercices sont respectivement extraits du manuel d’André Bellessort, Petit recueil de compositions françaises. Épisodes de la guerre. 1914-1915, Paris, 1916, p. 18 ; de la Revue pédagogique, juin 1915, n°6, p. 472 ; et de deux numéros de la Revue de l’enseignement primaire et primaire supérieur parus en 1915 et 1916.