affiche poulbotQui est l’auteur de cette affiche ?

Le dessinateur Francisque Poulbot est né à Saint-Denis en 1879. Il n’a que 16 ans quand son premier dessin est publié dans le journal humoristique « Le Pêle-Mêle ». Il devient un collaborateur brillant de la presse parisienne. Ses portraits de gosses des rues de Montmartre, facétieux mais qui vivent dans la misère, le rendent célèbre, au point que son nom leur est désormais associé : les « poulbots », comme Gavroche, entrent dans le langage courant.

Membre de la classe 1899, Francisque Poulbot est mobilisé en août 1914. Mais il n’est soldat que quelques mois avant d’être réformé à cause de son état de santé. Il met alors son œuvre au service de la propagande patriotique. Il produit en masse dessins et affiches, souvent repris sous forme de cartes postales.

 

Que nous apprend ce document ?

Cette affiche réalisée par Francisque Poulbot pour sa ville natale en 1916 annonce une action de charité au bénéfice des poilus et de leurs familles. Elle représente ce que Poulbot préfère dessiner, un enfant, soufflant dans son clairon et tenant haut son immense étendard aux couleurs vives pour mieux annoncer cette matinée de bienfaisance organisée par la municipalité de Saint-Denis. L’enfant est seul devant un mur blanc, tourné vers la droite, vers l’avenir, et l’évènement qu’il annonce.

Un évènement situé dans un contexte bien particulier, celui de la Première Guerre mondiale : l’enfant est présenté comme un soldat. Il porte les derniers modèles d’uniforme et de casque adoptés par l’armée française à cette époque, un cordon bleu blanc rouge est accroché à son clairon. Brandissant un étendard sur lequel est inscrit un cri de guerre déjà utilisé dans la France du douzième siècle, l’enfant semble lui-même mobilisé, prêt à partir sur le front avec son équipement et ses armes, prêt à imiter les adultes et à se battre pour sa patrie, dont la devise est rappelée au-dessus de lui. C’est un portrait typique de cette époque, où l’héroïsme enfantin (des enfants parfois très jeunes tentent par exemple de fuguer pour aller combattre sur le front) devient un instrument de propagande.

Ce dessin nous montre que ce ne sont pas seulement les poilus qui sont mobilisés durant la guerre de 14-18, mais toute la société. Une véritable culture de guerre se met en place. On célèbre de légendaires enfants-héros, comme Émile Desprès, tué par les allemands à treize ans, et on cherche à exacerber le patriotisme, comme dans cet ouvrage publié en 1918 qui martèle : « L’âme d’une nation se révèle dans ses enfants : le petit Français, lui, naît soldat. »[1] Malgré leur jeune âge, les écoliers sont donc encouragés à participer à leur manière à l’effort de guerre, en envoyant des colis sur le front, en « parrainant »  un soldat, ou, comme ici, en participant aux actions de charité organisées en faveur des mobilisés.

[1] J. Jacquin, A. Fabre, Petits Héros de la Grande Guerre, Paris, 1918, p. 93.